C’est quoi l’astroturfing ?
L’astroturfing est une pratique de manipulation qui consiste à créer une fausse impression d’un mouvement spontané ou d’une opinion populaire sur internet ou dans les médias. Des organisations ou groupes à intérêts particuliers orchestrent et financent cette initiative. Leur objectif ? Influencer l’opinion publique et les décisions politiques ou commerciales.
Le terme est un jeu de mots basé sur la marque de gazon synthétique « AstroTurf », faisant ainsi allusion à une « fausse herbe » ou, dans ce contexte, un faux mouvement populaire.
Dans quels cas est-il employé ?
Les organisations emploient l’astroturfing pour façonner l’opinion publique en leur faveur. publient des articles et partagent sur les réseaux sociaux. Elles initient des pétitions, donnant l’illusion d’émaner du citoyen moyen.
En simulant un soutien généralisé, elles cherchent à légitimer leur cause ou leur produit et à exercer une influence disproportionnée. Cette approche vis à contrer la résistance publique et faire avancer des politiques ou produits controversés. Elle peut également être utilisée pour nuire à des rivaux.
L’emploi de l’astroturfing en marketing et en politique subit un examen et une critique croissants. Ce procédé soulève des questions éthiques majeures, brouille la transparence et risque de tromper le public et les responsables politiques.
Néanmoins, une fois exposé, l’astroturfing peut endommager durablement la réputation de son instigateur.
Cas d’astroturfing suspectés ou avérés
Voici quelques exemples qui montrent des cas d’astroturfing :
- Campagnes politiques : Des groupes liés à des partis ou des candidats créent de faux comptes sur les réseaux sociaux pour simuler un soutien populaire.
- Lobbying dans les domaines de l’énergie et de l’environnement : Des entreprises financent des groupes paraissant citoyens pour combattre la régulation environnementale.
- Critiques et évaluations en ligne : Des compagnies fabriquent de faux avis pour améliorer ou ternir des réputations.
- Mouvements sociaux : Des organisations montent des campagnes de hashtag qui semblent partir de la base militante, mais servent un sponsor caché.
- Débats publics et forums en ligne : Des individus postent des commentaires pour orienter l’opinion publique ou détourner l’attention d’un sujet sensible.
Exemples célèbres
L’astroturfing se manifeste sous de multiples formes. À travers les exemples suivants, nous allons explorer comment il se déploie dans divers secteurs.
Astroturfing et le cas de Yelp
Des entreprises ont engagé des individus pour écrire de faux avis positifs sur Yelp dans le but d’augmenter leur notation. Dans certains cas, elles ont même créé de faux comptes pour publier des avis négatifs sur les concurrents. Cette pratique est connue sous le nom de « review bombing ».
Cela dit, Yelp combat l’astroturfing avec des algorithmes avancés pour repérer et éliminer les faux avis. Des alertes s’affichent sur les pages d’entreprises suspectes, avertissant ainsi sur des avis potentiellement non authentiques.
L’astroturfing viole des lois strictes sur la publicité et les faux avis dans de nombreux pays. Ces règlements protègent l’économie des avis en ligne, importante pour les choix des consommateurs.
Astroturfing et l’exemple de l’élection de Trump en 2016
La campagne d’influence russe de 2016, dirigée par l’Internet Research Agency (IRA), a été exposée par des enquêtes dont celle de Robert Mueller.
Des centaines de faux comptes sur les réseaux sociaux, gérés par l’IRA, ont été utilisés pour se faire passer pour des Américains. Ils diffusaient des messages politiques divisant les électeurs sur des sujets sensibles tels que l’immigration et les armes à feu.
En amplifiant des messages en faveur de Trump, ces comptes ont, en d’autres termes, cherché à influencer les intentions de vote des Américains.
Cette intervention, une forme moderne d’astroturfing, a utilisé des techniques avancées pour cibler et manipuler l’opinion publique. Cela a créé l’illusion d’un mouvement populaire spontané en exacerbant les divisions existantes au sein de la société américaine.
Astroturfing et l’exemple de Monsanto
Les « Monsanto Papers » ont révélé que Monsanto, fabricant du Roundup à base de glyphosate, s’était effectivement livré à l’astroturfing. Monsanto a secrètement financé des groupes qui paraissaient indépendants pour promouvoir le glyphosate. Ils ont créé de faux groupes d’agriculteurs et des plateformes de soutien scientifique pour contrer les études associant le glyphosate au cancer.
L’entreprise a utilisé des tactiques sophistiquées de relations publiques et de lobbying. Elle a tenté de convaincre les régulateurs et le public que le glyphosate était sans danger, pourtant classé comme potentiellement cancérogène par l’IARC. Ces actions visaient de toute évidence à semer le doute sur les risques pour la santé.
Astroturfing et l’exemple de la campagne pro-diesel en Allemagne
Des soupçons ont pesé sur des constructeurs automobiles allemands accusés de financer en sous-main des groupes et des campagnes vantant le diesel et contestant les lois anti-pollution.
Ces groupes ont diffusé articles et études sous-évaluant l’impact des émissions diesel sur l’environnement et la santé, tout en louant leur rentabilité et performance. Le but ? Entraver la législation sur l’air et plus précisément garder la faveur des consommateurs pour le diesel.
